Histoire des découvertes sur la digestion
Au XVIII e siècle, les scientifiques s'interrogent sur le mécanisme de la digestion. Une des théories de l'époque est celle de Giovanni Borelli (1608-1672) pour qui la digestion serait un phénomène purement mécanique : les aliments seraient simplement broyés dans le tube digestif. Réaumur (1683 – 1757), un naturaliste français, a réalisé les premières expériences sur la digestion afin de montrer que cette hypothèse était fausse.
Voici l'une d'elles (1752), faite sur une buse qui est un rapace qui rejette par son bec ce qui n'est pas digéré par son estomac (plumes, os, ...).
« « Une buse, à qui j'avais seulement arraché quelques plumes des ailes pour la laisser vivre en liberté dans mon jardin, fut destinée à des expériences.Je plaçai dans un tube de fer blanc ouvert par les deux bouts, un morceau de viande. Le tube ainsi garni fut donné à la buse pour son premier déjeuner. »
« Ce ne fut que le lendemain que je trouvai le tube qu'elle venait de rendre : il avait toute sa rondeur ; on ne trouvait sur sa surface extérieure aucune trace de frottements. »
« Le morceau de viande avait été réduit peut-être au quart de son premier volume ; ce qui en restait était couvert par une espèce de bouillie, venue probablement des parties qui avaient été dissoutes. » »
Extrait de « Observations sur la digestion des oiseaux » René Antoine Ferchault de Réaumur (1752)
Spallanzani (1729 -1799), un biologiste italien, s'est intéressé aux mécanismes de la digestions. Il a expérimenté sur lui-même à partir de liquide récupéré dans son estomac. Voici ce qu'il écrit en 1787 :
« « J'en fis entrer dans un tube en verre [...] ; je mis avec ce suc quelques brins de chair [...]. Je le plaçai dans un fourneau où l'on éprouvait un peu près la chaleur de mon estomac ; j'y mis aussi un tube semblable avec une égale quantité de chair [...], mais je le remplis avec une quantité d'eau qui était la même que celle du suc gastrique pour me servir de terme de comparaison [...]. »
« Voici les événements que j'observai. La chair qui était dans le suc gastrique commença à se défaire avant 12 heures, et elle continua insensiblement jusqu'à ce que, au bout de 35 heures, elle ait perdu toute consistance [...]. Il n'en fut pas de même dans le petit tube où j'avais mis de l'eau [...] : la plus grande partie des fibres charnues plongées dans l'eau étaient encore entières au bout du 3e jour » »
Au début du XIXe siècle, un trappeur canadien (Alexis Saint-Martin) a eu l'estomac perforé par une balle. Il guérit mais il garda une perforation de 6 cm qui laissait son estomac en communication avec l'extérieur.Un médecin, William Beaumont, réalisa que c'était un formidable sujet d'expériences. Voici le récit de son expérience réalisée le 7 août 1825.
« A 11 heures après avoir fait jeûner le garçon pendant 17 heures [....] je pris environ 30 grammes de suc gastrique pur [....]. Je pris un morceau de boeuf bouilli et le mis dans le suc gastrique. Je bouchais le tube et le plaça dans une casserole pleine d'eau à 37°C [....]. A 21 heures, la totalité de la viande était digérée [....] »
« J'introduisis également dans l'estomac par la perforation un morceau de boeuf bouilli. Je constatai, 2 heures plus tard, que la digestion avait eu lieu. »